jeudi 5 avril 2012

Titanic, 1912-2012


Si vous ne savez pas quoi faire pendant les vacances, allez vous détendre un peu au cinéma. Titanic ressort en 3D !


 Alors, oui cette ressortie du film en avril 2012 n'est surement qu'une façon de faire un peu plus d'argent pour le réalisateur et les producteurs en profitant des commémorations du centenaire du naufrage;

oui, la 3D est le plus souvent un argument marketing pour une technologie qui n'apporte pas grand chose au cinéma et qui en plus fait mal aux yeux;

oui, la romance impossible Rose-Jack n'est pas originale mais exploite à merveille tous les ressorts de la tragédie;

Oui la chanson titre de Céline Dion est insupportable...



Mais ce film reste un monument du cinéma et à le mérite de symboliser toute une époque, ou plutôt la fin d'une époque : celle où l'homme se pensait indestructible et pouvait prendre le pas sur la nature, celle où les classes sociales sont tellement distinctes que même lors d'un naufrage comme celui là le privilège du rang se retrouve dans le bilan des victimes, celle où l'Angleterre était encore la 1ere économie monde et régnait sur l'industrie mondiale grâce en particulier à  sa flotte commerciale, civile et militaire.

Mais le Titanic c'était aussi un navire à la pointe de la technologie : une double coque (mais pas sur toute la longueur), des cloisons étanches, mais pas jusqu'en haut, la 1ere TSF longue distance, le 1er SOS de l'histoire, un acier haute résistance, mais friable à basse température, des machines et une turbine à vapeur qui lui aurait permis d'obtenir le ruban bleu de la traversée de l'Atlantique...

Un des nombreux mérite du film, outre le fait que même en connaissant la fin, (et pour cause !) on restait collé à son siège jusqu'à la dernière minute, est d'avoir réussi à  rendre cette époque et ce naufrage par une minutie absolue des détails qui rend le tout extrêmement réaliste. Décors du navire, costumes, cabines, machines... tout y est ! Jack et ses acolytes italiens et irlandais sont des migrants pauvres comme tant d'autres qui empruntent ce genre de navire vers l'eldorado américain et passent au contrôle sanitaire où l'on vérifie leur absence de poux avant d'embarquer.


Enfin, ce drame est un  concentré d'humanité et d'inhumanité en 2h et sur 269m de navire.
Humanité par les actes de bravoure et de dignité qu'il nous donne à voir : le milliardaire Benjamin Guggenheim ou le capitaine Smith qui choisissent d'affronter la mort dignement un verre de brandy à la main et à la barre du navire, les machinistes qui restent dans les fonds jusqu'au bout pour alimenter le navire en énergie donc en lumière, et cet orchestre qui sur le pont égaye la scène en jouant jusqu'aux derniers instants.
Inhumanité par les actes d'une lâcheté inouï d'un propriétaire de la white star, Bruce Ismay qui s'échappe en catimini sur une chaloupe, de beaucoup de passagers de 1ere classe qui se retrouvent à bord de chaloupes quasiment vides pour ne pas se mélanger avec le "peuple" des 3e classe qui pour la plupart est resté enfermé dans les ponts inférieurs où n'a tout simplement pas réussi à trouver son chemin vers l'extérieur... Ces mêmes passagers qui à bord de chaloupes vides refusent de secourir les derniers survivants après le naufrage pour éviter qu'ils les fassent chavirer...



Titanic - Bande-annonce (VF) par JBauer93

lundi 2 avril 2012

Les trois couleurs d'un empire


Un documentaire remarquable tant dans son propos que dans l'approche très historienne qui est faite des témoignages et des sources. Il vaut en particulier par l'analyse de la propagande coloniale et le démontage systématique de la mythique colonialiste voulant que la métropole ait valorisé des terres en friche et ait apporté la civilisation à des peuples barbares...
Un bon complément à ce documentaire est fourni par le site du CNDP qui met en ligne des pistes d'analyses que l'on peut suivre utilement.
L'image fixe de présentation de la vidéo n'est pas de mon ressort, mais elle illustre un des aspects fantasmatique du colonialisme : la femme indigène nue, mythe entièrement construit sur des fantasmes d'animalité et d'exotisme des peuples indigènes.